Résidence Air frais

Du 25 au 29 août 2021 commençait l'immersion de ma pratique dans une nature aussi majestueuse que sauvage, soit celle du Parc provincial du Mont-Carleton au Nouveau-Brunswick, à l'occasion d'une résidence artistique du programme Air frais, une initiative du Conseil des arts du Nouveau-Brunswick (artsnb) et du Gouvernement du Nouveau-Brunswick mise de l'avant pour contrecarrer les effets néfastes de la pandémie sur la pratique artistique des artistes. Mon projet de résidence qui avait pour but d'alimenter une réflexion sur la cohabitation entre les espèces par la création de cyanotypes s'intitulait Matière à réflexion. Pendant ces cinq jours, je me suis donc concentrée sur l'écosystème naturel de ce parc qui s'étend sur plus de 17 000 hectares.

Ma démarche impliquant que je me déplace afin de trouver la matière ou la végétation propice à me dévoiler ses secrets, il avait donc fallu une bonne organisation de ma part. Aussi, bien préparée je l'étais grâce à des cyanotypes faits pendant l'été avec les plants de mon jardin comme écosystème cultivé. Et la météo fut optimale pour le déroulement de mon projet si bien que j'ai réalisé une vingtaine de cyanotypes. Avec cette quantité, je pouvais espérer obtenir un meilleur taux de résultats intéressants pour la suite de mon projet compte tenu des nombreuses variables intervenant dans ce procédé photographique ancien telles que la force des rayons ultraviolets, le temps d'exposition et le type de végétal.

Mon travail s'effectuait en après-midi, quelquefois aussi en matinée. Je commençais par la réalisation de quelques cyanotypes que je rinçais et faisais sécher par la suite en les suspendant à l'extérieur ou en les disposant à plat sur une table à l'intérieur du pavillon principal (magasin général aussi appelé le Lodge) lorsque les vents étaient trop importants. Le lac Nictau et le magasin général ont été les endroits où j'ai été le plus active, car ils étaient fréquentés par une plus grande concentration de visiteurs. Équipée de deux vitres, d'un plexiglas et de deux grandes enveloppes pleines de cartons photosensibles, je ne passais pas inaperçue, surtout lorsque des cyanotypes étaient en cours de réalisation. La création de cyanotype a ainsi facilité la rencontre et la discussion avec les gens curieux ou intrigués par ce procédé qui leur était inconnu. Certaines personnes revenaient à différents moments du processus et d'autres me faisaient découvrir de nouveaux milieux naturels ou m'apportaient des plumes trouvées au sol afin que je les inclue dans un cyanotype. Quelques-uns faisaient des rapprochements entre des histoires qu'ils avaient vécues et ma démarche. Ainsi, beaucoup de cyanotypes me rappellent ces échanges dont je me suis inspirée et m'inspirerai encore pour nourrir ma réflexion et approfondir mon travail.

Matière à réflexion est un projet qui englobe aussi les écosystèmes cultivé et littoral, tout en ne se limitant pas à la création de cyanotypes. Je me sens privilégiée d'avoir eu l'écosystème naturel du plus grand parc de la province auquel enraciner ma démarche. Et c'est enrichie de matériel artistique unique et de nouvelles idées que j'anticipe avec enthousiasme la suite de mon projet.