Vers l'exode urbain
Encore tout récemment, je vivais à Montréal. Je louais le même appartement depuis 10 ans. Je me déplaçais en autobus, en métro ou à pied, pour faire mes achats, sortir avec mes amis, pour me rendre au travail. J'avais un mode de vie plutôt simple et agréable. Je travaillais peu, même si j'avais deux boulots : pour le premier, j'étais mon propre patron (je le suis toujours d'ailleurs), et pour le second, je me glissais dans un costume de commis de bureau, si on veut. Ce deuxième boulot devait me procurer une soit disant sécurité, ou plutôt plus de stabilité en ce qui concerne mon revenu. Mais avant, dans mon ancienne vie, j'avais une carrière, payante, respectable; le genre de profession qui rend fière une mère; une carrière choisie alors que je faisais mon entrée dans le système, jeune, et pleine d'ambition. Or, cette dernière ne me convenait plus, ne me convenait pas, je l'ai donc abandonnée. Après ce virage à 90 degrés, fallait m'adapter. Deux possibilités : revenir à la case départ pour me réorienter vers un métier aussi payant que chiant; ou jouer les dés différemment. Mon manque d'ambition m'a poussée vers le second choix, et ainsi vers un mode de simplicité volontaire. J'ai réduit ma consommation de biens, j'ai vendu mon auto, j'ai remplacé le neuf par le seconde main... Cette économie d'argent m'a permis de devenir beaucoup plus flexible, mais aussi plus sélective en ce qui a trait à mon horaire de travail.
Depuis, j'ai davantage de temps libres, davantage de liberté. Et lorsqu'on goûte la liberté, eh bien on en veut plus, ce qui implique qu'il faille encore couper quelque part... J'ai alors pris la décision de m'attaquer à ce qui bouffait la plus grosse part de mon budget : mon loyer d'appartement. Si j'arrivais à l'éliminer, j'éliminais aussi mon emploi de commis de bureau et je gagnais plus de temps, pour moi, pour réfléchir, créer, m'informer, apprendre... J'ai pensé m'acheter un condo en ville, mais leur prix étant trop élevé, j'aurais dû me trouver un troisième emploi. Je me suis donc mise à la recherche de l'aubaine immobilière à l'extérieur de Montréal. Je visais très bas. J'y croyais. Il y a une expression qui dit : Drive until you can buy. Je n'aurais jamais pensé que cela m'éloignerait autant...