Le Nouveau-Brunswick : pour sortir des sentiers battus
Drive until you can buy… alors m’y voici, dans ma première maison, mon nouveau chez-moi au coeur de la nature du Nouveau-Brunswick où se trouvent les maisons les moins chères au pays, et c'est encore plus vrai au nord de la province. Il suffit de consulter les sites Internet de courtiers en immobilier pour comparer le prix des maisons à vendre un peu partout au Canada. Un an déjà que j'habite à 764 km de mon ancienne vie à Montréal. En quittant une ville de 1 649 515 habitants pour m’installer dans une province de 751 171 habitants, répartis sur la totalité de son territoire, certes, je suis allée à contresens de la tendance populaire, mais c'est justement ce choix, avec ses risques, qui pouvait me rapprocher d'un mode de vie tout en simplicité volontaire.
Aujourd'hui, je vis dans une région bilingue, comptant 50% de francophones et 50% d'anglophones à quelques pourcentages près; j'ai changé de province sans changer de langue donc; être propriétaire me coûte moins cher qu'être locataire; et je suis moins imposée. Cette région, qui porte le nom de Restigouche, partage la baie des Chaleurs avec la Gaspésie, sa région voisine du côté du Québec. Sans pour autant connaître le même achalandage touristique que sa voisine gaspésienne, la région du Restigouche offre pourtant un décor semblable où s'étendent des forêts à perte de vue et où coulent entre les montagnes Appalaches de sinueuses rivières. Grâce à la présence de cette nature tout autour de moi, il me semble plus facile de m'affranchir du système, plus facile aussi de m'éloigner du capitalisme avec sa recherche constante du profit et son besoin insatiable de consommation.
Finalement, est-ce que le risque en valait le coup? Il est peut-être encore trop tôt pour me prononcer, mais le risque, c’était quoi au juste? Et le coup? Avec le recul, je peux dire que le risque était surtout de m’ennuyer, de m’ennuyer de tout, tout simplement. En ce qui concerne le coup (et peut-être aussi le coût), c’était l’effort de bouger, essentiellement, de m’éloigner pour sortir de ma zone de confort (tout en achetant une maison), me couper de cette illusion de sécurité financière. Je dois avouer que le risque a bien failli me faire regretter le coup. J’avais sous-estimé mon attachement aux gens, à la ville. Mais après quelques mois, heureusement pour moi, le risque a tranquillement fait place à la chance : la chance de faire de nouvelles rencontres, de disposer de plus de temps pour créer, pour jardiner par exemple. La fille urbaine que j'étais commence à se sentir interpellée par la nature...
Bien sûr, ma famille, mes amis en région métropolitaine, et l’animation de Montréal, avec son transport en commun, me manquent parfois, je retourne alors à Montréal prendre un bain de foule… Ça me fait du bien, et même si j’en ai besoin, c’est toujours avec une certaine joie que je rentre à la maison et retrouve cette odeur de sapins et d’air salin.